Bienvenue sur notre foire aux questions concernant l’entente de coopération en matière de cybersécurité entre Hydro-Québec et Israel Electric Corporation!
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Vous pouvez nous aider à faire pression sur le gouvernement et sur la société Hydro-Québec en signant notre pétition (en français ou en anglais) adressée au président-directeur général d’Hydro-Québec, Éric Martel, à la présidente du conseil d’administration d’Hydro-Québec, Jacynthe Côté, et au ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien :
Les organisations suivantes se sont déjà engagées à nos côtés :
- Alternatives
- Artistes pour la Paix (APLP)
- Centre justice et foi (CJF)
- Comité de Solidarité Trois-Rivières (CS3R)
- Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRTFQ-MM), cf. résolution adoptée par le bureau de direction
- Fédération des femmes du Québec (FFQ)
- Fondation Canado-Palestinienne du Québec (FCPQ)
- Ligue des droits et libertés (LDL)
- Palestiniens et Juifs Unis (PAJU)
- Parti communiste du Québec (PCQ)
- Parti Vert du Québec (PVQ)
- Québec solidaire (QS)
- Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB)
- Voix juives indépendantes (IJV–VJI)
Québec solidaire (QS) considère qu’Hydro-Québec n’aurait pas dû signer un accord de coopération en matière de cybersécurité avec IEC. Le 19 avril 2018, la co-porte-parole de QS et députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques Manon Massé s’est exprimée sur le sujet en interrogeant le PDG d’Hydro-Québec, Éric Martel, et le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau, au sujet de l’entente de coopération HQ-IEC, lors de l’étude des crédits budgétaires à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN).
Le chef du Parti communiste du Québec (PCQ), André Parizeau, estime également qu’« Hydro-Québec devrait mettre fin à son contrat avec son vis-à-vis en Israël », cf. son communiqué du 7 juin 2018.
La Coalition BDS Québec représente les Québécoises et les Québécois engagés dans la promotion de la campagne dirigée par le Comité international du mouvement BDS. À ce titre, elle mène des actions à l’échelon local pour soutenir ce mouvement, en coordination avec d’autres organisations qui défendent la cause palestinienne au Québec et au Canada.
La Coalition BDS Québec propose, depuis plusieurs années, que le Canada et le Québec :
- « gèlent » tout accord commercial, culturel, scientifique ou autre avec Israël;
- interdisent toute importation de produits en provenance des colonies installées en territoire palestinien occupé;
- condamnent Israël pour ses violations du droit international et des droits des Palestiniennes et des Palestiniens.
Le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) a été lancé en juillet 2005 par de nombreuses organisations de la société civile palestinienne, avec pour objectif de faire pression, par des moyens non violents, sur l’État d’Israël pour qu’il cesse de bafouer impunément le droit international et les droits de la personne, que ce soit à l’intérieur de ses frontières dites « de 1967 », reconnues par les Nations Unies et la majorité de la communauté internationale, ou dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem annexée.
Le mouvement BDS revendique :
- La fin de l’occupation et de la colonisation des territoires palestiniens illégalement occupés par Israël depuis 1967, et le démantèlement du mur de séparation, empiétant sur ces territoires, érigé à partir de 2002 le long de la « ligne verte »;
- La reconnaissance des droits fondamentaux des citoyennes et citoyens palestiniens de l’État d’Israël à l’égalité avec leurs concitoyens de « nationalité juive », en l’absence de toute forme de discrimination raciale, ainsi que l’inscription de ces principes dans la loi et leur application;
- Le droit au retour des populations palestiniennes réfugiées à travers le monde, depuis la guerre d’indépendance de 1948, dans leurs foyers, et le paiement d’indemnités compensatoires pour les biens de ceux qui décideraient de ne pas rentrer dans leurs foyers, tel que stipulé par la résolution 194 des Nations Unies.
Contrairement à ce que certains de ses détracteurs affirment, le mouvement BDS n’est pas antisémite, et n’a pas pour objectif la destruction de l’État d’Israël.
Nous vous invitons, pour plus d’informations, à consulter le site officiel du mouvement BDS (en anglais) géré et maintenu par le « BDS National Committee » (BNC), la coalition des organisations palestiniennes qui mènent ce mouvement, et par le « Palestinian Campaign for Academic and Cultural Boycott of Israel » (PACBI), l’une de ses organisations membres.
A priori aucun. En effet, cette entente n’a aucun contenu commercial et son annulation n’aura donc aucune répercussion financière sur l’entreprise et sur ses salariés.
A priori, aucun. Cependant, l’entreprise refusant obstinément de communiquer le contenu de cette entente, il est à ce jour impossible de se prononcer de façon certaine à ce sujet.
A priori, Hydro-Québec ne faisant pas de politique, elle ne court aucun risque de ce type.
Cependant, étant donné qu’elle est une société d’État, il est probable que le Québec lui-même tirerait des avantages politiques de l’annulation de cette entente, qui met à mal sa réputation, et qui aurait tendance à l’isoler, comme l’est Israël, sur la scène internationale.
A priori aucun. En effet, cette entente n’a aucun contenu commercial et son annulation n’aura donc aucune répercussion financière sur l’entreprise et sur ses salariés.
Les ingénieurs d’Hydro-Québec participant à des échanges avec IEC dans le cadre de cette entente contreviendraient à l’article 2.01 de leur Code de déontologie qui leur impose de tenir compte des conséquences de l’exécution de leurs travaux sur l’environnement, sur la vie, sur la santé et sur la propriété des personnes. L’Ordre des ingénieurs du Québec exige également de ses membres le respect de ses valeurs cardinales, à savoir, outre la compétence, le sens de l’éthique, la responsabilité et l’engagement social.
Dans ce cadre, en s’associant aux crimes commis par IEC, des ingénieurs d’Hydro-Québec pourraient être amenés à contrevenir à leurs devoirs et à leurs obligations, en violation de leur Code de déontologie.
À l’heure actuelle, la responsabilité juridique, civile ou criminelle, ne peut pas encore être établie. Toutefois, sur le plus long terme, Hydro-Québec pourrait avoir à assumer une responsabilité civile pour les dommages causés par IEC.
Quant à la responsabilité criminelle et pénale, compte tenu de l’interprétation très large de la jurisprudence de la responsabilité criminelle prévalant actuellement en matière « d’aide et d’encouragement » à des actes criminels, Hydro-Québec et ses administrateurs pourraient courir des risques à ce chapitre.
A priori, Hydro-Québec ne faisant pas de politique, elle ne court aucun risque de ce type.
Cependant, étant donné qu’elle est une société d’État, il est probable que le Québec lui-même se verrait pénalisé sur le plan politique et sur le plan de son image sur la scène internationale si cette entente devait perdurer.
Compte tenu de la condamnation quasi unanime dont fait l’objet la politique israélienne envers les Palestiniennes et les Palestiniens, il est assez probable que de nombreux partenaires et clients actuels ou potentiels d’Hydro-Québec seraient tentés de s’éloigner s’ils avaient connaissance de cette entente.
Hydro Québec a le choix de ses partenaires. On peut notamment penser à des partenaires beaucoup plus « respectables », notamment aux États-Unis, au Royaume Uni, en France ou en Allemagne.
En choisissant IEC, et en affirmant devant la CAPERN qu’elle ne cherche qu’à « trouver le partenaire le plus efficace », l’entreprise montre le peu de considération qu’elle a à l’égard de l’éthique de ses partenaires.
Ainsi, elle n’hésite pas à signer une entente avec une compagnie qui viole le droit international et les droits de la personne du fait de sa contribution capitale à la politique répressive et de ségrégation de l’État israélien envers la population palestinienne, en particulier dans les territoires occupés.
IEC joue un rôle déterminant dans le cadre de la « guerre » que mène l’État d’Israël contre la population palestinienne.
Voici quelques-unes de ses actions :
- Réduction de l’accès à l’électricité dans la bande de Gaza
Jusque récemment, les besoins énergétiques de la bande de Gaza étaient couverts par une centrale locale, par un approvisionnement en provenance d’Israël (IEC) et par des importations en provenance d’Égypte. La fourniture d’énergie électrique par IEC est essentielle pour la population de Gaza. Or, depuis juin 2017, différents ministres et responsables gouvernementaux israéliens ont donné des ordres à IEC pour qu’elle coupe régulièrement l’électricité à Gaza. - Coupures fréquentes intentionnelles en Cisjordanie
Des coupures fréquentes, intentionnelles, d’électricité sont également pratiquées par IEC sur le territoire de la Cisjordanie. Elles sont considérées par les Palestiniennes et les Palestiniens comme une punition collective. - Électrification du mur entre Israël et la Palestine
IEC participe à l’électrification du mur construit entre les territoires palestiniens occupés et Israël. Ce mur, comportant des clôtures électriques et des détecteurs électriques de mouvement, a été jugé contraire au droit international par la Cour internationale de justice le 9 juillet 2004. - Participation à l’expansion illégale de l’État d’Israël
IEC fournit l’électricité aux colonies illégales situées dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, par sa résolution 2334, a dénoncé la colonisation israélienne dans les territoires occupés. - Échanges avec l’armée et les services secrets israéliens
IEC collabore étroitement, au sein du Israel National Cyber Directorate, avec les cyberdéfenses de l’armée (Tsahal), des services de renseignement (le Mossad) et de la Water Authority.
Nous vous renvoyons, à ce sujet, aux nombreux articles concernant la prestigieuse unité de renseignement 8 200, spécialisée dans l’écoute électromagnétique et le déchiffrement des codes, regroupe des jeunes triés sur le volet, les meilleurs en mathématiques, en physique et en informatique, qui y accomplissent leur service militaire avant d’essaimer dans des entreprises technologiques, majoritairement israéliennes ou états-uniennes, ou de fonder leur propre start up.
Le magazine d’actualité hebdomadaire français Le Point a fait état, en 2013, de 43 réservistes de cette unité ayant déclaré refuser désormais « de participer aux actions contre les Palestiniens et de continuer à être les outils du renforcement du contrôle militaire sur les territoires occupés ». Cet article rappelle qu’alors que, jusqu’en 2001, la mission de cette unité était entièrement tournée vers des ennemis extérieurs, comme la Syrie, le Liban ou l’Iran, le premier ministre Ariel Sharon aurait ajouté les Palestiniens à cette liste au début de la seconde intifada.
Comme exemple notable de l’implication d’Israël, ces dernières années, dans la cyberguerre internationale, on peut citer le probable, bien que non prouvé, codéveloppement, avec les États-Unis, par l’unité 8 200, du virus informatique Stuxnet, dont l’objectif était de compromettre le développement du programme nucléaire iranien. Ce virus extrêmement sophistiqué, qui s’est propagé à partir de 2009, aurait, effectivement, temporairement ralenti ce programme, en détruisant un cinquième des centrifugeuses nucléaires iraniennes. Stuxnet aurait été testé, selon le New York Times, au sein du complexe nucléaire israélien de Dimona, sur des centrifugeuses presque identiques à celles situées sur le site iranien de Natanz, où des scientifiques iraniens s’efforçaient d’améliorer le processus d’enrichissement de l’uranium.
En octobre 2018, le quotidien israélien Haaretz publie une « bombe », un modèle d’investigation journalistique extrêmement détaillé titré (traduction libre) « L’industrie de cyberespionnage israélienne aide des dictateurs à travers le monde à chasser des dissidents et des homosexuels » (texte complet).
L’actualité le prouve : les entreprises de haute technologie israéliennes n’hésitent pas, avec l’accord tacite de l’appareil étatique israélien, à vendre, au plus offrant, et notamment à des régimes autoritaires, voire totalitaires, des technologies de cybersurveillance, ces derniers les utilisant pour espionner des opposants politiques. Ainsi, un ami du journaliste Khashoggi sauvagement assassiné le 2 octobre 2018 dans le consulat d’Arabie saoudite d’Istanbul, un dissident saoudien exilé au Canada, aurait eu son téléphone infecté, quelques mois auparavant, par le logiciel espion Pegasus développé par la start up israélienne NSO, une information relayée dans l’article ci-dessus mentionné :
Earlier this month, Citizen Lab announced with “high confidence” that Pegasus spyware was used to track Omar Abdulaziz, a Saudi dissident living in Canada under political asylum. According to the organization’s report, agents of the regime in Riyadh used NSO technology in Montreal against Abdulaziz. NSO did not deny the report.
Le lanceur d’alerte Edward Snowden a déclaré, à ce sujet : « This is not a cyber security industry, it’s a cyber insecurity industry. » (On devrait parler d’une industrie de cyber-insécurité plutôt que d’une industrie de cyber-sécurité.)
Le logiciel Pegasus a encore fait parler de lui en mai 2019 : il aurait servi à introduire une faille de sécurité dans l’application de messagerie pour « téléphones intelligents » WhatsApp, dont le succès était, ironiquement, en partie dû au chiffrement des communications… Cette faille permettait, en autres, de prendre possession de la totalité du contenu du téléphone en question, de lire les messages texte envoyés ou reçus, ainsi que d’entendre et de voir aux alentours de l’appareil grâce au microphone et à la caméra… Voir l’illustration en anglais présentant l’étendue de ces accès, dans un article sur le logiciel Pegasus de la société de recherche de l’Université de Toronto Citizen Lab.
Dans son édition de juin 2019, Le Monde Diplomatique publie une coupure de presse reprenant une nouvelle publiée en anglais par Associated Press le mois précédent, selon laquelle le service de presse de Facebook aurait révélé avoir banni de ses pages une société de conseil politique et de lobbying israélienne, le groupe Archimedes, qui menait des campagnes de désinformation visant à influencer les élections dans plusieurs pays, principalement en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Facebook aurait supprimé 65 comptes israéliens, 161 pages, des dizaines de groupes et 4 comptes Instagram véhiculant des « infox » diffusées par cette entreprise.
Alors que, dans l’immense majorité des États, la frontière entre la cybersécurité, défensive, et la cyberguerre, offensive, est souvent poreuse, cela est plus particulièrement vrai en Israël, notamment depuis la création de l’Israeli National Cyber Bureau (INCB), en juillet 2011.
C’est ce que détaille Olivier Danino, analyste spécialisé à l’Institut Français d’Analyse Stratégique (IFAS), dans un texte publié par la Chaire de cybersécurité et cyberdéfense (2017) :
Tous les acteurs civils du « cyber » – administrations gouvernementales, industriels, chercheurs, universitaires, enseignants – ont désormais un interlocuteur unique et central. L’INCB impulse une dynamique générale et participe au financement de projets.
(…)
L’INCB collabore également étroitement avec l’armée et le ministère de la Défense. L’Israel National Cyber Bureau joue ainsi un rôle de relais entre civil et militaire alors même que la frontière entre ces deux mondes est déjà poreuse en Israël. Depuis 2012, le ministère de la Défense dispose d’une administration centrale du « cyber » dont le rôle est d’encadrer et de coordonner les partenariats entre l’armée, les services de sécurité israéliens et les entreprises de cyber sécurité.
Selon une étude prospective et stratégique du ministère de la défense français (juin 2015) :
Israël conçoit un écosystème de cyberdéfense global, c’est à dire impliquant un large spectre d’acteurs (approche « multistakeholders ») qui combine renseignement, alerte, défense passive et active, capacités offensives dans les domaines civils et militaires. Surtout, la cyberdéfense ne peut pas être assurée via une approche compartimentée, d’un côté les civils, de l’autre les militaires.
En Israël, la cyberdéfense est le moteur d’une interaction stratégique entre secteurs civils et militaires. Elle sous tend une nouvelle économie, et fait office de « liant » entre les multiples acteurs.
En 2016, le parlement israélien (la Knesset) a proposé l’unification, au sein de la National Cyber Security Authority (NCSA), des cyberdéfenses de l’armée (Tsahal), des services de renseignement, d’IEC et de la Water Authority.
En décembre 2017, le gouvernement israélien a décidé de fusionner les activités du INCB et de la NCSA au sein d’une nouvelle entité, l’Israeli National Cyber Directorate (INCD).
Selon un article en anglais du quotidien israélien Haaretz publié en août 2018, dont le titre peut se traduire par « Une marionnette du Shin Bet, ce qui s’est mal passé avec l’agence de cybersécurité israélienne » (contenu complet), cette nouvelle entité serait désormais noyautée par le service de sécurité intérieure (Shin Bet) et ses objectifs s’éloigneraient de plus en plus de sa mission première de service public de protection « proactive » vis-à-vis des risques informatiques encourus par les entreprises et les organisations publiques ou privées du pays.
Les cyberdéfenses d’IEC sont donc, plus que jamais, intégrées avec celles de l’armée et des services secrets.
La cybersécurité, dont les objectifs sont, pour un État, une entreprise ou une organisation, quelle que soit sa taille, de protéger ses systèmes informatiques (logiciels et données) et ses équipements (infrastructures technologiques, réseaux de communication, de production et de distribution d’énergie) d’attaques malveillantes provenant de concurrents, voire d’ennemis, intérieurs ou extérieurs, et la cyberguerre, guerre cybernétique (en anglais cyberwarfare) ou « guerre de la toile », qui consiste en l’utilisation d’ordinateurs et d’Internet pour mener des offensives dans le « cyberespace », c’est-à-dire s’attaquant à des systèmes ou à des capacités informatiques, ne sont que deux faces d’une même médaille.
Ainsi que le note le scientifique français Jean Paul Baquiast dans une analyse sur la généralisation de la cyberguerre (4 mars 2013) :
On peut définir la cyberguerre comme une guerre qui se mène sur les réseaux. Elle met en présence trois grandes catégories d’acteurs : États et dépendances, entreprises grandes et petites, organisations criminelles.
Comme toute guerre, elle a deux aspects :
• la défensive, dite aussi cybersécurité, visant à se protéger des attaques de l’ennemi (ou du concurrent);
• l’offensive, visant à pénétrer et à détruire l’ennemi.
Non.
Hydro-Québec peut collaborer avec d’autres pays pour défendre son réseau, pensons à des « partenaires naturels » du Québec comme les États-Unis, l’Allemagne, la France ou l’Angleterre, qui possèdent une expertise avancée en matière de cybersécurité, ou encore avec des compagnies sœurs d’autres provinces canadiennes.
Hydro-Québec aurait donc pu faire un autre choix et refuser de signer une entente de collaboration avec l’État d’Israël.
Hydro-Québec a refusé de rendre public le contenu de l’entente signée avec IEC le 22 mai 2017, malgré une demande d’accès à l’information que nous avions faite, dès le 16 juin 2017, en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
Nous n’en savions toujours, deux ans après, que relativement peu, au travers :
- des annonces médiatiques et des communiqués officiels initiaux, avares de détails;
- des éléments de réponses du président-directeur général de l’entreprise, Éric Martel, et du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau, aux questions posées par la députée QS Manon Massé, le 19 avril 2019, lors de l’étude des crédits budgétaires 2018-2019 à la CAPERN.
Cependant, quelques jours avant une audience prévue à la Commission d’accès à l’information du Québec le 28 août 2019 devant déterminer si l’entente serait ou non dévoilée, Hydro-Québec nous a transmis, par messagerie, un document en anglais dont nous avons décidé de retranscrire le contenu intégral. Nous espérons en obtenir ultérieurement une version en français.
Communiqués officiels
Le 22 mai 2017, le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec fait état de la signature de deux accords entre le Québec et Israël, l’un dans le domaine de la cybersécurité, l’autre du capital de risque, dans le cadre de la mission du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, en Israël et en Cisjordanie, renvoyant, pour plus d’informations, au fil d’actualités du premier ministre du Québec relatif à la « Journée de l’innovation en Israël ».
L’organe de presse du premier ministre y décrit succinctement le contenu de l’entente de partenariat entre HQ et IEC en ces termes :
Le protocole d’entente entre Hydro-Québec et Israel Electric Corporation vise :
- La mise en place d’un comité de pilotage avec des représentants des deux entreprises.
- La tenue d’activités telles que des visites des sites respectifs, des forums de discussions semestriels et la participation à des programmes de recherche et/ou de développement.
Ce dernier renvoie lui-même au communiqué de presse émis par la société Hydro-Québec le même jour, qui n’en dit pas beaucoup plus.
Hydro-Québec et l’Israel Electric Corporation (IEC) ont le plaisir d’annoncer la signature, en date d’aujourd’hui, d’une entente de partenariat dans le domaine de la cybersécurité. Par cette entente, ces entreprises s’engagent à collaborer au chapitre des meilleures pratiques et du partage de l’information et des connaissances dans ce domaine.
[…]
Au cours des prochains mois, Hydro-Québec et IEC mettront sur pied un comité directeur réunissant des représentants des deux entreprises. Au nombre des activités prévues figurent des visites d’installations, des forums semestriels de discussion et la participation à des programmes de recherche-développement.
Médias
Radio Canada et le journal La Presse (extrait ci-dessous), entre autres, annoncent la signature de l’entente HQ-IEC le 22 mai 2017.
Victime de 500 tentatives de piratage par année, Hydro-Québec a conclu lundi une entente de partage d’information avec la société d’État israélienne de production d’électricité.
La Israeli Electric Corporation subit chaque année des millions de cyberattaques. Elle a développé une expertise de pointe pour contrer les pirates.
Les deux entreprises formeront un comité conjoint qui se réunira périodiquement pour échanger des renseignements sur les menaces informatiques.
Étude des crédits 2018-2019 à la CAPERN
C’est seulement le 19 avril 2018, lors de l’intervention de Manon Massé à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) de l’Assemblée nationale, dont nous vous invitons à visionner la vidéo et à consulter le verbatim, que nous apprenons, de la bouche même du PDG d’Hydro-Québec, Éric Martel, un élément essentiel : le fait que cette entente est limitée à des échanges d’informations techniques et qu’elle ne présente aucun contenu commercial.
[…] on n’a pas un contrat. C’est une entente de partenariat. Il n’y a pas d’argent qui circule. On ne paye absolument rien, ils ne nous payent absolument rien. […] Aujourd’hui, notre partenariat n’est limité qu’à un échange par des ingénieurs et des gens d’informatique.
Pour quelles raisons Hydro-Québec a-t-elle signé une entente en matière de cybersécurité avec IEC?
Voici les raisons évoquées par les entreprises signataires dans le communiqué de presse d’Hydro-Québec du 22 mai 2017.
Les deux sociétés d’État ont le même objectif : fournir une alimentation électrique fiable tout en protégeant leur infrastructure et leur exploitation. Le réseau électrique peut représenter l’infrastructure la plus critique d’un pays, non seulement pour des raisons économiques, mais aussi du fait des enjeux de santé et de sécurité du public. Compte tenu de l’augmentation des cybermenaces et de la vitesse à laquelle évolue la technologie, ce partenariat est tout à fait naturel pour deux entreprises ayant des intérêts communs et devant relever les mêmes défis.
« Il s’agit d’une occasion extraordinaire pour Hydro-Québec de s’associer à une entreprise dont l’expertise en matière de cybersécurité est reconnue mondialement, souligne Michael D. Penner, président du conseil d’administration et du comité des technologies de l’information d’Hydro-Québec. La vitesse à laquelle se déploient les nouvelles technologies et menaces motive les entreprises et les pays à collaborer et à échanger en continu sur des tendances lourdes afin de conserver une longueur d’avance et se protéger contre ces menaces. »
« Les cybermenaces augmentent de façon exponentielle en raison de la complexité des infrastructures et de la volonté d’améliorer le service à la clientèle grâce, notamment, à la création de réseaux intelligents. De plus, les pirates sont de plus en plus informés et de mieux en mieux organisés affirme Ofer Bloch, Président directeur général d’Israël Electric Corporation. La collaboration entre deux entreprises solides comme Hydro-Québec et IEC renforcera de manière significative notre capacité à nous défendre contre les cybermenaces. IEC bénéficiera certainement des échanges avec Hydro-Québec, le plus important producteur d’électricité du Canada. »
Au sein d’un communiqué paru le 19 avril 2017 sur le fil d’information du premier ministre, le premier ministre Philippe Couillard et la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et ministre responsable de la Stratégie numérique, Dominique Anglade, ont décrit, en termes généraux, les objectifs de la « mission économique et institutionnelle historique pour le Québec en Israël et en Cisjordanie ».
L’écosystème économique mondial en pleine transition génère des occasions uniques de partenariats pour développer nos économies et créer des emplois de qualité. Les objectifs que nous partageons tous sont d’amener les secteurs d’activité traditionnels au cœur de notre économie à se moderniser et à contribuer à l’émergence de nouveaux domaines qui amélioreront la qualité de vie des gens qui nous entourent. Cette mission sera l’occasion pour notre délégation québécoise de partager, créer des liens et développer des partenariats avec l’une des nations les plus innovantes au monde. L’économie du 21e siècle est avant tout une économie du savoir, et le Québec entend se positionner en tant que pôle économique et scientifique de premier plan pour la recherche, la formation et le transfert technologique. L’innovation est inscrite dans notre ADN, et c’est cette créativité québécoise que nous venons partager avec le monde.
Philippe Couillard, premier ministre du Québec
Le développement économique du Québec repose sur trois piliers fondamentaux, l’entrepreneuriat, le manufacturier innovant et les exportations. Ces piliers nous permettent de transformer l’économie du Québec dans toutes ses régions et d’assurer une grande qualité de vie à tous. À la base de ces piliers se trouve l’innovation qui est l’ingrédient essentiel pour accroître notre prospérité collective. Cette mission permettra de faire la promotion du savoir‑faire québécois dans des secteurs phares de notre économie, notamment les sciences de la vie, l’aérospatiale, le numérique et les technologies de l’information et des communications. Ce sera également l’occasion de dynamiser et d’accroître nos liens avec Israël et la Cisjordanie, de favoriser les collaborations en recherche et en innovation et de développer nos relations d’affaires avec ces deux partenaires.
Dominique Anglade, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et ministre responsable de la Stratégie numérique
Le détail des différentes ententes conclues entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de l’État d’Israël depuis 1997 est consultable en ligne, sur le site du ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec (MRIF).
- Entente 1997-02 : cette entente initiale de coopération générale multisectorielle, intitulée Entente dans les domaines scientifique et technologique, de la culture et de l’éducation entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de l’État d’Israël, a été signée le 9 avril 1997; elle a été abrogée et remplacée, en 2007, par l’entente 2007-07.
- Entente 2007-07 : cette seconde entente de coopération générale multisectorielle, intitulée Entente de coopération entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de l’État d’Israël, a été signée le 11 décembre 2007, en remplacement de l’entente 1997-02 qui a été abrogée; elle est toujours en vigueur.
- Entente 2008-13 : cette entente de coopération dans le secteur du développement économique, intitulée Entente entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de l’État d’Israël portant sur le développement de la coopération économique et technologique, a été signée le 22 septembre 2008; elle a été abrogée et remplacée, en 2017, par l’entente 2017-03.
- Entente 2017-03 : cette entente de coopération dans le secteur du développement économique, intitulée Entente entre le Gouvernement du Québec et le Gouvernement de l’État d’Israël portant sur le développement de la coopération en recherche industrielle et en innovation technologique, a été signée le 21 mai 2017, à Jérusalem, entre le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le ministre de l’Économie et de l’Industrie de l’État d’Israël, Elie Cohen, en remplacement de l’entente 2008-13 qui a été abrogée.
La dernière entente de coopération entre le Québec et Israël signée par le premier ministre Philippe Couillard au cours de sa mission institutionnelle et économique de 2017 (entente 2017-03), est fondée, selon son préambule, sur les précédentes ententes 2007-07 et 2008-13.
Son article premier débute comme suit :
La présente Entente vise à renforcer et à diversifier les relations en matière de recherche et développement ou d’innovation technologique (« Innovation ») entre le Québec et Israël, en contribuant au développement d’un dialogue suivi entre les communautés d’affaires, les entités, les institutions de recherche et les organismes publics/privés du Québec et de l’État d’Israël.
À cette fin, les Parties coordonnent leurs actions en favorisant les échanges d’information stratégique et en soutenant les initiatives qui renforcent et facilitent les relations et la collaboration entre les milieux de l’innovation du Québec et d’Israël.
Cette coopération vise notamment à promouvoir et à favoriser les projets et les occasions de collaboration en Innovation.
[…]
L’entente en matière de cybersécurité entre Hydro-Québec et IEC a été signée le 22 mai 2017 par le président du conseil d’administration et du comité des technologies de l’information d’Hydro-Québec, Michael D. Penner, et le vice-président principal, chef de l’information et des communications d’Israel Electric Corporation (IEC), Yosi Shneck, dans le cadre de la mission institutionnelle et économique menée, en Israël et en Cisjordanie, par le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, du 19 au 24 mai 2017.
À cette occasion, le premier ministre était notamment accompagné de la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, ministre responsable de la Stratégie numérique Dominique Anglade, du député libéral David Birnbaum, de l’ambassadrice du Canada en Israël Deborah Lyons, et du consul général d’Israël à Montréal Ziv Nevo Kulman.
Le VP principal de l’information et des communications d’IEC était accompagné de son président-directeur général, Ofer Bloch, présent aux côtés du premier ministre Philippe Couillard lors de la signature de l’accord.
La signature de cette entente entre les deux entreprises publiques s’inscrit, plus largement, dans le cadre du remplacement, le 21 mai 2017, lors de la mission du premier ministre, de la précédente entente de coopération dans le secteur du développement économique entre le Québec et l’État d’Israël, datant de 2008, par une nouvelle entente du même type d’une durée indéterminée.
En outre, les deux États avaient préalablement signé, en 1997, une première entente de coopération générale multisectorielle, abrogée et remplacée, en 2007, par une nouvelle entente du même type, cette dernière étant toujours en vigueur.
Israel Electric Corporation (IEC) ou חברת החשמל לישראל est le plus grand fournisseur d’énergie électrique en Israël. Cette entreprise publique, détenue à 99,85 % par l’État, produit et fournit de l’électricité à tous les secteurs de l’économie israélienne, notamment en construisant, en gérant et en exploitant des stations de production d’énergie, des sous stations, ainsi que des réseaux de transmission et de distribution.
Voir son site officiel en anglais.